tsunamis

Le Maroc et les tsunamis

« Le 1er novembre 1755, très exactement à 9 h 40 mn, un violent séisme ébranle le littoral de l’Afrique du Nord, du détroit de Gibraltar à Alger. Il est suivi d’une très forte réplique le 18 novembre à 10 h du matin, et de quatre autres secousses, dans la matinée du jour d’après, entre 5 h et 12 h. Les effets se ressentent aussi à l’intérieur du pays, à Fès, Meknès et Marrakech.

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Les places côtières sont les plus touchées, ainsi Tanger, Asilah, Larache, Mehdia, Salé, Safi et Agadir. Les dégâts sont aggravés par la montée extraordinaire des eaux de la mer. Le raz de marée tumultueux ouvre des brèches dans les digues, inonde les maisons, submerge les cultures et engloutit de nombreuses embarcations. Les eaux laissent une grande quantité de poissons, de sables et de débris dans les champs. À Tanger, l’eau se retire des sources pendant vingt quatre heures. Il s’ensuit une vive émotion, accentuée par un grondement continu et souterrain qui persiste plusieurs jours après la catastrophe. La lagune de Mar Chica (Nador) se ferme et s’assèche. Le port de Badis disparaît ; à Larache oued Loukkos perd un bras et l’île antique de Lixus se retrouve au milieu des terres ; l’estuaire du Bou Regreg glisse vers le Sud et le port de Salé s’enlise sous les sables.

« Le fameux séisme de novembre 1755 a ravagé la capitale portugaise Lisbonne ; les survivants se réfugièrent en bord de mer où un tsunami les a fauché. Au total, il fit 60 000 victimes.
Les effets de ce séisme touchèrent également le site de Rabat-Salé ; on relate que la mer s’était retirée sur une grande étendue. Beaucoup de gens étaient allés contempler cet événement ; le flot montant, revenant avec une rapidité prodigieuse, dépassa de beaucoup ses limites ordinaires. Les eaux tumultueuses, montèrent à une hauteur de dix à douze mètres au-dessus du niveau des hautes marées et engloutirent un grand nombre de curieux.
Le raz-de-marée balaya toutes les rues basses de Salé, couvrit même le sol de la grande mosquée et transporta fort loin dans la vallée toutes les allèges et embarcations ancrées dans le fleuve. Le pont flottant qui reliait Rabat à Salé fut rompu et enlevé par les flots. Les berges de l’Oued Bouregreg s’effondrèrent en divers endroits ; à la Tour Hassan, il reste des rochers fissurés témoins de ce désastre qui changea la configuration de l’estuaire, ainsi que celle du port de Salé, le fleuve s’étant élargi à l’embouchure. »

À Mohammedia, le séisme détruisit une partie de l’ancienne Kasbah. La ville n’a repris son véritable essor, malgré sa reconstruction par le sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah, que vers le début du vingtième siècle.

Deux siècles plus tard, le 29 février 1960 ; à Agadir, un séisme ébranla fortement, pendant quinze longues secondes, le port et une partie de la ville. Il fut précédé de deux secousses annonciatrices. La première eut lieu le 23 février ; la deuxième, beaucoup plus forte, se produisit le 29 février à 11h 45mn, soit douze heures avant la catastrophe. Cela donna lieu à une rumeur, non fondée, selon laquelle le séisme serait en corrélation avec la marée et suivrait le cycle lunaire. Plusieurs vagues de six mètres de haut accompagnèrent le tremblement de terre. Sur les plages avoisinantes, des vagues puissantes balayèrent le sable sur de grandes profondeurs. Mais la large baie d’Agadir a atténué les effets du tsunami qui s’en est suivi.

Le cas singulier du port de Nador est unique au monde, en ce sens qu’il a vécu en symbiose avec les tsunamis. Cette relation particulière, méconnue, mérite d’être contée. En effet, ce sont les tsunamis qui ont entretenus au fil du temps la magnifique étendue de Marchica qui abrite le port historique de Nador. Littéralement « la petite mer », cette lagune s’étire sur une longueur de 25 kilomètres. Séparée de la mer par un cordon très bas de sable, elle ressemble à un immense lac intérieur, à peine accessible par la mer. En 1775 et en 1848, des tsunamis y produisent des ouvertures que les sables referment progressivement.

Un autre tremblement de terre et un fort tsunami créent en 1889, cette fois face à Nador, une brèche. Elle fait office de voie de passage jusqu’en 1907, date où, à nouveau, elle devient impraticable par suite de l’envasement. »

 

 (Najib Cherfaoui)
Source: maritimenews.ma
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