Taanzoult : dérangement de la nidification du Tadorne Casarca

Naturaliste et Entomologiste chevronné, Michel Tarrier est entre autres, l’auteur du livre « Papillons du Maroc ». Depuis plusieurs décennies il parcoure régulièrement les écosystèmes Marocains. Michel Tarrier a contribué en tant que consultant à un bon nombre de projets pour la réhabilitation la préservation et la valorisation de la biodiversité nationale. Nous relayons ci-dessous l’alerte et les photos qu’il vient de nous envoyer :

 

« Bonjour,

Depuis des décennies et grâce aux vertus d’un Agdal bien compris, les prairies et les mouillères du plateau de Taanzoult (mitoyen de l’Aguelmane de Sidi Ali) conservent une avifaune remarquable dont le Tadorne Casarca est l’emblème biopatrimonial.

Hier 14 avril, aux alentours de 18h, la présence anormale de troupeaux surnuméraires fut notée au niveau de l’ancienne scierie (N 33º04.085 / W 005º01.728) et d’innombrables couples de Tadornes s’envolaient en pure panique face à l’avancée des troupeaux. Nous sommes en période de nidification. Idem pour les autres espèces ornithologiques fréquentant les lieux.

Ce matin 15 avril, se tenait à l’Auberge du Col une assemblée de l’ANOC. Les représentants de cette association nous ont confirmé que la date réglementaire d’arrivée des semi-nomades restait, comme toujours, fixée à la seconde moitié de Mai et que les troupeaux concernés (appartenant à des bergers sédentaires) n’avaient aucun droit d’y pâturer.

Les photos jointes ne sont pas celles des troupeaux d’hier, mais d’autres faisant irruption ce matin y compris depuis la Province d’Ifrane. En fait, des troupeaux ne cessent d’envahir les lieux, causant le dérangement des nidifications de Tadornes dont il n’est pas vrai que ceux-ci ne nichent que dans les rochers et les arbres creux de la proche thuriféraie, mais bel et bien dans des terriers creusés dans ces prairies. En effet, on n’y voit en permanence que des couples et il semble difficile à une femelle de couver ses œufs sans être sur son nid. Quand bien même, les prairies en question restent le lieu de vie et d’alimentation de ces oiseaux hygrophiles et omnivores.

Il faut espérer que des mesures seront prises en urgence pour redonner un peu de paix à un oiseau qui, au Maroc, a toujours fait l’objet des meilleurs soins de protection.

Cordialement.

 

Michel Tarrier »

 

Mise à jour du 16/04/2015

 » Aujourd’hui 16 avril, comme tous les jours ces temps-ci, on voit sur la photo l’un des cinq ou six troupeaux pâturant en fin de journée sur le Plateau de Taanzoult (notamment secteur Nord en face de l’ancienne scierie) et causant le dérangement fatal des couples de Tadornes en période de nidification et de bien d’autres espèces de l’avifaune. L’accès de ces pâturages collectifs aux transhumants est fixé à la fin du mois de mai (agdal) et il est inadmissible que des troupeaux surnuméraires de bergers sédentaires y imposent leur présence perturbante de façon irrégulière plus d’un mois avant, alors que l’éviction précoce des oiseaux représente un grave danger.

Des mesures peuvent-elles être prises rapidement pour limier les dégâts ?

MT.  »

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A propos Michel Tarrier

Electron libre de l’entomologie française, « cueilleur-chasseur » d’insectes « renouvelables » depuis ma plus tendre enfance, j'ai consacré l’essentiel de ma vie à ma passion et possède à mon actif la découverte de nombreux Coléoptères et Lépidoptères. Eco-entomologiste spécialiste de la Méditerranée occidentale, particulièrement motivé par la conservation des habitats, c'est en 1992 que je me tourne vers le Maroc, terre de contact, montagneuse, méditerranéenne à influences océanique et saharienne, véritable interface entre les faunes paléarctique et africaine, pays le plus favorisé du biome méditerranéen. En collaboration, d'abord et brièvement avec l’Institut Scientifique de Rabat (Université Mohammed V), puis maintenant et durablement avec le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification, j'explore durant plus de vingt années tous les écosystèmes marocains, ayant déjà consacré plus de trois mille jours aux observations de terrain, avec un million de kilomètres de routes et de pistes parcourues, des milliers de photos, la publication d’innombrables articles scientifiques sur les Lépidoptères de ce pays, ainsi que la gestion d'une banque de données et d'une cartographie complète des Lépidoptères de jour, riche de quelques huit mille références vérifiées et actualisées.

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5 commentaires

  1. taanzoult c'est prés d'aglmam sidi ali ?

  2. Mais simple voyons! Obligeons le Tadorne Casarca à nidifier en cage dans un "musée vivant"?

  3. حافظوا على المراعي لكنهم اكلوا اشجارها

  4. Merci cher ami Mohamed Amezian . Le Tadorne casarca est très sensible au dérangements humains et spécialement en période de sa reproduction. Il ne peut pas faire ces nids dans la plaine de Taânzoulte à cause de la présence quotidienne de l'homme (soit bergers avec troupeaux, soit les récolteurs des plantes médicinales, je dis pyrèthre d'afrique). C'est pour cela le Tadorne casarca fait ses nids dans des trous des arbres du cèdre à la forêt de la céderai. Et voici un article pour plus d'informations. http://moroccanbirds.blogspot.com/2011/10/aguelma

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